La Porcelette
Informations diverses
|
Paroles
C'était le p'tit Pied-Blanc,
Voulut se marier ;
A pris femme si jeun',
N'a pas quinze ans passés.
Le soire de ses noces,
En guerre il fut mandé :
Oh le petit Pied-Blanc
Était bien désolé
— Adieu donc, mon époux
— Adieu, mon épousée
À qui je donnerai
Ma femm' pour la garder ?
— Oh va, mon enfant, va
Moi, je la garderai :
Avec nos demoiselles
Je la ferai coucher.
Il ne fut point parti,
En guerr' n' fut point allé,
Les brebis de la cour
Lui donna t-à garder.
— La bell' fut bien sept ans
Sans rire et sans chanter :
Tout au bout des sept ans
Ell' se mit à chanter.
Revenant de la guerre,
Entendit une voix,
Une voix qui chantait
Là-bas, dedans ces bois :
— Écoute, écout', mon page,
Entends-tu cette voix ?
C'est la voix de ma mie
Qui chante dans ces bois
— Hé là ! ma p'tit' bergère,
Donne-moi de ton pain.
— Je ne refuse pas
De vous donner d'mon pain ;
Mais vous n'en voudrez pas,
Il est fait sans levain ;
Les chiens de chez mon père
Ils n'en mangeraient point.
— Hé là ! ma p'tit' bergère,
Emmène tes moutons.
— Je ne refuse pas
D'emmener mes moutons ;
Mais ce n'est pas midi,
Si j'arrive trop tôt,
Les gens de la maison,
Oh ! oui, me batteront.
La petite bergère,
Fut pas la cour entrée,
Voilà un' des servantes
Qui sort pour la frapper :
— Bell'ment, bell'ment, servante,
Ah ! ne frappez point tant,
Car la petit' bergère
A beaucoup de torment.
— Hé là ! ma p'tit' bergère,
Que tu as les pieds noirs !
— Hé là ! monsieur, dit-elle,
Je peux bien les avoir !
Voilà juste sept ans,
Ni chausses ni souliers,
Je peux bien vous le dire,
Ne m' sont rentrés aux pieds.
— Hé là ! madam' l'hôtesse,
Ce soir à mon souper,
Laquell' de vos servantes
Allez-vous me donner ?
— Je n'ai pas de servantes,
Ce soir, à vous donner :
Mais la petite bergère,
Monsieur, si vous la v'lez.
— Hé là ! ma p'tit' bergère,
Va-t-en laver tes mains :
Avec le capitaine
Tu vas venir manger.
— Je ne refuse pas
D'aller laver mes mains,
Mais ma soupe est trempée,
Avec celle de mes chiens.
— Hé là ! ma p'tit' bergère,
Va-t-en laver tes pieds :
Avec le capitaine
Tu vas venir coucher.
— Je ne refuse pas
D'aller laver mes pieds,
Mais le chevet d'mon lit,
C'est l' toit de mes brebis.
Voyez cette salope,
Comme elle se défend
Ell' croit que l' capitaine
Lui f'rait passer son temps...
— Oh ! Viens, oh ! Viens ma mie,
Approche vite ici :
J'ai bien tout entendu
Ce que ma mère a dit.
Regarde l'anneau d'or
Que je t'ai mis au doigt,
Le joure de nos noces,
Via aujord'hui sept ans.
Tu en as la moitié ;
L'autre, je l'ai gardé'.
Console-toi, ma mie,
Tes tourments sont finis.
— Si vous n'étiez ma mère,
Je vous ferais brûler.
Quoiqu' vous soyez ma mère,
Je n' sais c' que je ferai.
— Bellement, mon ami,
Ne faites point cela ;
Dieu, comme ell' le mérite,
La récompensera
Références
Collecté auprès de Jeanne Boulanger, femme Couron à Fours (Nièvre) en 1817, rapporté par Achille Millien dans le tome 1 des Chants et chansons populaires publié en 1906, p. 195 (Lire en ligne Gallica).
Chant par Laetitia Marcangeli en 2019 (Youtube), par Jean-François Dutertre sur l'album Ballades françaises en 1997 (Youtube).
Laforte : I, B-21 La Porcheronne, Coirault : 05302 La porcheronne