Aou casaou de moun payre ya
Un pla bet pe de briouletos,
Tout coubert de milo flouretos.
Jou n'ey coupât un bet pugnat,
Un bet pugnat de briouletos
Dab un hechoutot de rousetos.
Lou n'ey coupat, lou n'ey ligat,
Dab' un petit riban de sedo,
Sur un bet tapis de lan berdo.
Moud floc à qui sera baillat,
Aou Jousep, aou Pierro, aou Batisto,
Touts très me demandon la quisto.
Lou Jousepet, tout ahouègat,
Ma dit, de la meillou faycoun,
Jou souspiri per bous, Marioun.
Quand tout dus pouyran demoura,
Soulets dequens bosto maysoun ;
Qu'in serey hurous, Marioun !
Galan aqueste se tournat,
Quan pay et may en la crampeto,
S'en ban e me lèchon souleto.
Lou jouen galan n'a pas mancat,
N'a pas manquat à la proumesso,
Qui l'aouo heyto sa mastresso.
Marioun say doubri lou cledat
Qu'en souy gelat deguens ma besto,
N'ey lou gioure que me tempesto.
Sies gelat, sies tourrat,
T'aoubri taleou nou podi ouayre ;
Moun pay beillo encouè bab ma mayre,
N'as entenut lou rouchinol ?
En canta la turolanluro,
Passe la neit per la frescuro :
N'as entenut lou gay laouriol ?
Tout en canta la tranlanlaro,
Passe la neit dens la rousado.
Ataou lou men praoube Jousep,
De la Marioun que n'es l'aouset,
Danso se bos per la tourrado ;
E canto me beroyo aoubado.
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Au jardin de mon père, il y a,
Un beau pied de violiers,
Tout couvert de mille fleurs.
J'en ai coupé une poignée,
Une poignée de violiers.
Avec un petit faix de roses.
Je l'ai coupé, je l'ai lié,
Avec un petit ruban de soie,
Sur un beau tapis de laine verte.
Mon bouquet à qui sera-t-il donné ?
À Joseph, à Pierre, à Baptiste,
Tous les trois me demandent l'aumône.
Joseph tout plein de feu.
M'a dit de la meilleure façon :
Je soupire pour vous, Marion.
Quand tous les deux nous pourrons rester
Seuls dans votre maison,
Combien je serai heureux, Marion.
Galant, revenez ce soir
Lorsque père et mère dans leur chambrette,
Rentrent et me laissent seulette.
Le jeune galant n'a pas manqué,
N'a pas manqué à la promesse
Que lui avait faite sa maîtresse.
Marion viens ouvrir la clairevoie
Je suis gelé dans mes habits ;
Le givre me tourmente.
Que lu sois gelé, que tu sois glacé
T'ouvrir sitôt, je ne puis guère ;
Mon père veille encore avec ma mère,
As-tu entendu le rossignol,
En chantant la turelunlure
Il passe la nuit dans la fraîcheur.
As-tu entendu le gai lauriol
Tout en chantant la turelanlure
Il passe la nuit dans la rosée.
Ainsi mon pauvre Joseph,
De Marion tu es l'oiseau :
Danse si tu veux dans la gelée,
Et chante-moi une jolie aubade.
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