Le comte Redor

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Informations diverses

Paroles : Anonyme
Musique : Traditionnel
Interprètes :
Origine : Bretagne
Danse :
Mp3 :

Paroles

Le comte Redor s'en va chasser
Dans la forêt de Guémené.

En son chemin a rencontré
La Mort qui lui a parlé.

— Veux-tu mourir dès aujourd'hui
Ou d'être sept ans à langui' ?

Veux-tu mourir dès à présent,
Ou d'être sept ans languissant ?

— J'aim' mieux mourir dès aujourd'hui
Que d'être sept ans à languir.

— J'aime mieux mourir dès à présent.
Que d'être sept ans languissant. »

En s'en allant sur le pavé
Sa bonne mère a rencontré.

— Oh ! réjouis-toi, mon fils Louis
Ta femme est accouchée d'un fils.

— Maman, tout homme qui se voit mourir
N'a point envie de s'y réjouir.

Préparez-moi un lit bien grand
Pour que mon corps repose dedans,

Un cierge au chevet de mon lit,
Maman, pour m'éclairer mouri'.

Mais quand ce fut pour y dîner
Les servantes ne font que pleurer.

— Hélas ! maman, qu'il y a-t-i'
Que nos servantes pleurent ici ?

— Ma fille, ne faut point t'affliger,
Dix de nos plats d'or se sont cassés.

— Hélas, faut-il donc tant pleurer
Pour dix plats d'or qui sont cassés ?

J'en aurions bien d'autres pour nous servi'
Si le comte Redor était ici.

Mais quand ce fut pour le souper,
Les valets ne font que pleurer.

— Hélas, maman qu'il y a-t-i'
Que nos valets pleurent ainsi?

— Ma fille ne faut point t'affliger,
Dix de nos chevaux sont crevés.

— Hélas, faut-il donc tant pleurer
Pour dix chevaux qui sont crevés,

J'en aurions d'autres pour nous servi'
Si le comte Redor était ici.

Mais quand ce fut sur les minuit
Les cloches elles n'y font que du bruit.

— Hélas, maman, qu'il y a-t-i'
Que les cloches sonnent la nuit?

— Ma fille c'est le grand roi Henri
Qui fait son entrée dans Paris.

— Hélas ! maman, que ça signifie
Que l'on entend frapper ici ?

— Ma fille, ce sont les maçons
Qui raccommodent la maison.

Mais quand il y eut huit jours passés,
Le noir on lui a présenté.

— Hélas ! maman, que signifie
Le noir on m'y présente ici ?

— Ma fille, pour femme qui relève d'enfant
Le noir leur va mieux que le blanc.

Mais quand il y eut quinze jours passés,
À la messe il lui faut aller.

— Hélas ! maman, qu'il y a-t-i'
Qu'on parle du comte Redor ici?

— Ma fille ce sont les petits enfants
Que le comte Redor est dans leurs chants.

Allons, ma fille, pouillons-nous, va,
Après la messe on vous le dira.

Mais quand la messe elle fut finie
— Maman, que m'aviez-vous promis ?

— Ma fille, je ne peux plus te le cacher,
C'est ton mari qu'est enterré.

— Rochers, fendez, la terre, ouvrez !
À mon mari je veux parler.

— Ma mie retire-toi d'ici,
Ma bouche elle ne sent que le souci.

— Maman, j'ai un petit enfant,
Élevez-le chrétiennement.

Le comte Redor est mort ici,
Avec lui je veux finir ma vie.

Références

Collecté auprès de Jeanne Hardy au Grand-Auverné (Loire-Atlantique) en 1875 et rapporté par Pitre de Lisle dans le numéro 6 de la Revue des Traditions Populaires en juin 1897 (Lire en ligne).

Coirault : 05311 Jean Renaud, Laforte : II, A-01 Jean Renaud