O, Magali, ma tant amado,
Mete la tèsto au fenestroun !
Escouto un pau aquesto aubado
De tambourin e de vióuloun.
Es plen d'estello aperamount !
L'auro es toumbado ;
Mai lis estello paliran,
Quand te veiran !
— Pas mai que dóu murmur di broundo
De toun aubado iéu fai cas !
Mai ièu m'envau dins la mar bloundo
Me faire anguielo de roucas.
— O, Magali ! se tu te fas
Lou pèis de l'oundo,
Ièu lou pescaire me farai,
Te pescarai !
— Oh ! mai, se tu te fas pescaire,
Ti vertoulet quant jitaras,
Ièu me farai l'aucèu voulaire,
M'envoularai dins li campas.
— O, Magali ! se tu te fas
L'aucèu de l'aire,
Ièu lou cassaire me farai,
Te cassarai
I perdigau, i bouscarido,
Se vènes, tu, cala ti las,
Ièu me farai l'erbo flourido
E m'escoundrai dins li pradas.
— O, Magali ! se tu te fas
La margarido,
Ièu l'aigo lindo me farai,
T'arrousarai.
— Se tu te fas l'aigueto lindo,
Ièu me farai lou nivoulas,
E lèu m'enanarai ansindo
A l'Americo, perabas !
— O, Magali ! se tu t'en vas
Alin is Indo,
L'auro de mar iéu me farai,
Te pourtarai !
— Se tu te fas la marinado,
Iéu fugirai d'un autre las :
Iéu me farai l'escandihado
Dóu grand soulèu que found lou glas !
— O, Magali ! se tu te fas
La souleiado,
Lou verd limbert iéu me farai
E te béurai !
— Se tu te rendes l'alabreno
Que se rescound dins lou bartas,
Iéu me rendrai la luno pleno
Que dins la niue fai lume i masc !
— O, Magali ! se tu te fas
Luno sereno,
Ièu belo nèblo me farai,
T'acatarai !
— Mai se la nèblo m'enmantello,
Tu, per acò, noun me tendras;
Ièu, bello roso vierginello
M'espandirai dins l'espinas !
— O, Magali ! se tu te fas
La roso bello,
Lou parpaioun iéu me farai,
Te besarai !
— Vai, calignaire, courre, courre !
Jamai, jamai m'agantaras.
Iéu de la rusco d'un grand roure
Me vestirai dins lou boucas.
— O, Magali ! se tu te fas
L'aubre di mourre,
Ièu, lou clot d'èurre me farai,
T'embrassarai !
— Se me vos prene à la brasseto,
Rèn qu'un vièi chaine arraparas ...
Iéu me farai blanco moungeto
Dòu mounastié dóu grand Sant Blas !
— O, Magali ! se tu te fas
Mounjo blanqueto,
Ièu, capelan, counfessarai,
E t'ausirai !
— Se dòu couvènt passes li porto,
Tóuti li mounjo trouvaras
Qu'à moun entour saran pèr orto,
Car en susàri me veiras !
— O, Magali ! se tu te fas
La pauro morto,
Adounc la terro me farai,
Aqui t'aurai !
— Aro coumence enfin de creire
Que noun me parles en risènt.
Vaqui moun aneloun de vèire
Per souvenènço, o bèu jouvènt !
— O, Magali ! me fas de bèn !...
Mai, tre te vèire,
Ve lis estello, Magali,
Coume an pali !
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— O Magali, ma tant aimée,
Mets la tête à la fenêtre !
Ecoute un peu cette aubade
De tambourins et de violons.
Le ciel est là-haut plein d'étoiles,
Le vent est tombé ;
Mais les étoiles pâliront
En te voyant.
— Pas plus que du murmure des branches,
De ton aubade je fais cas !
Mais je m'en vais dans la mer blonde
Me faire anguille de rocher.
— O Magali, si tu te fais
Le poisson de l'onde,
Moi, le pêcheur je me ferai,
Je te pêcherai !
— Oh ! mais, si tu te fais pêcheur,
Quand tu jetteras tes verveux,
Je me ferai l'oiseau qui vole,
Je m'envolerai dans les landes.
— O Magali, si tu te fais
L'oiseau de l'air,
Je me ferai, moi, le chasseur,
Je te chasserai.
— Aux perdreaux, aux becs-fins,
Si tu viens tendre tes lacets,
Je me ferai, moi, l'herbe fleurie,
Et me cacherai dans les prés vastes.
— O Magali, si tu te fais
La marguerite,
Je me ferai, moi, l'eau limpide,
Je t'arroserai.
— Si tu te fais l'onde limpide,
Je me ferai, moi, le grand nuage,
Et promptement m'en irai ainsi
En Amérique, là-bas bien loin !
— O Magali, si tu t'en vas
Aux lointaines Indes,
Je me ferai, moi, le vent de mer,
Je te porterai !
— Si tu te fais le vent marin,
Je fuirai d'un autre côté :
Je me ferai l'échappée ardente
Du grand soleil qui fond la glace !
— O Magali, si tu te fais
Le rayonnement du soleil,
Je me ferai, moi, le vert lézard,
Et te boirai.
— Si tu te rends la salamandre
Qui se cache dans le hallier,
Je me rendrai, moi, la pleine lune
Qui éclaire les sorciers dans la nuit !
— O Magali, si tu te fais
Lune sereine,
Je me ferai, moi, belle brume,
Je t'envelopperai.
— Mais si la brume m'enveloppe,
Pour cela tu ne me tiendras pas;
Moi, belle rose virginale,
Je m’épanouirai dans le buisson !
— O Magali, si tu te fais
La rose belle,
Je me ferai, moi, le papillon,
Je te baiserai.
— Va, poursuivant, cours, cours !
Jamais, jamais, tu ne m'atteindras.
Moi de l'écorce d'un grand chêne
Je me vêtirai dans la forêt sombre.
— O Magali, si tu te fais
L'arbre des mornes,
Je me ferai, moi, la touffe de lierre,
Je t'embrasserai !
— Si tu veux me prendre à bras-le-corps,
Tu ne saisiras qu'un vieux chêne ...
Je me ferai blanche nonnette
Du monastère du grand Saint Blaise !
— O Magali, si tu te fais
Nonnette blanche,
Moi, prêtre, je confesserai,
Et t'entendrai !
— Si du couvent tu passes les portes,
Tu trouveras toutes les nonnes
Autour de moi errantes,
Car en suaire tu me verras !
— O Magali, si tu te fais
La pauvre morte,
Je me ferai donc la terre,
Là je t'aurai !
— Maintenant je commence enfin à croire
Que tu ne me parles pas en riant.
Voici mon annelet de verre
Pour souvenir, beau jouvenceau !
— O Magali, tu me fais du bien ! ...
Mais, dès qu'elles t'ont vue,
O Magali, vois les étoiles,
Comme elles ont pâli !
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