La vieille de seize ans
Informations diverses
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Paroles
Lise, à quinze ans, plut et fut peu cruelle
Mais Lise, hélas ! fut quittée à seize ans.
La pauvre enfant, alors n'accusant qu'elle
Crut d'être aimable avoir passé le temps.
Son miroir même, à ses yeux plein de charmes
Ne montrait plus ni beauté, ni fraîcheur ;
Toute charmante, elle pleurait ses charmes,
Et cet air simple exprimait son erreur.
J'avais quinze ans quand tu me trouvais belle
Un an détruit ma beauté, ton ardeur
Mon cœur hélas ! t'aime encore, infidèle !
Mais à seize ans peut-on offrir son cœur ?
Tu me pressais : Quel feu ! Quelle tendresse !
Mais j'ai seize ans, adieu tous les désirs.
Du doux plaisir je sens encore l'ivresse ;
Mais j'ai seize ans, adieu tous les plaisirs.
Quoi ! Vingt printemps que toi-même as vu naître
À tous les yeux n'ont fait que t'embellir !
Moi, j'ai seize ans. Je n'ose plus paraître.
Un an d'amour a donc pu me vieillir !
Hier, Damon, qui me poursuit sans cesse
M'offrait un cœur tout prêt à s'enflammer;
Allez, lui dis-je allez à la jeunesse ;
Moi, j'ai seize ans, on ne doit plus m'aimer
Mais non, cruel ! Reviens à ta bergère ;
Reviens, pardonne à mes seize printemps
S'il faut quinze ans, perfide, pour te plaire
Viens, dans tes bras j'aurai toujours quinze ans.
Références
Romance écrite par Philippe-Antoine Grouvelle (1757-1806) et rapporté notamment dans Antologie lyrique en 1810, page (Lire en ligne)